Haïti au bord du gouffre: comprendre la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
P-au-Prince, Cap-Haïtien, Les Cayes… Aucun coin d’Haïti n’échappe à la spirale de violence qui secoue le pays. Depuis plusieurs années, la sécurité est devenue un luxe, et la peur, le quotidien des citoyens. Gangs armés, enlèvements, affrontements urbains, paralysie de l’État : la crise sécuritaire prend des proportions alarmantes. Mais comment en est-on arrivé là ? Et surtout, existe-t-il une sortie de crise ?
Des causes profondément enracinées.
Le chaos sécuritaire qui règne aujourd’hui en Haïti ne date pas d’hier. Il est le fruit de décennies d’instabilité politique, d'inégalités criantes et d'un État en décomposition. Le tournant décisif ? L’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, qui a laissé un vide de pouvoir que les gangs se sont empressés de combler.
Avec des institutions fragilisées et une police souvent dépassée — voire infiltrée —, ces groupes armés se sont étendus comme une traînée de poudre. À Port-au-Prince, ils contrôlent désormais plus de 80 % de la capitale, imposant leur loi, levant des rançons, et semant la terreur.
Une population prise en otage.
Résultat : des milliers de familles fuient leur maison, des écoles ferment, les hôpitaux fonctionnent au ralenti et l’économie s’effondre. La criminalité, alimentée par la pauvreté extrême et le chômage, touche toutes les couches de la société. Les enlèvements contre rançon se multiplient, ciblant aussi bien les commerçants que les étudiants, les journalistes ou les prêtres.
« On ne vit plus, on survit », confie une mère de famille réfugiée dans un centre d’accueil après avoir fui les combats entre gangs.
Des solutions, mais à quel prix ?
Face à cette situation, les propositions fusent, mais les solutions durables restent difficiles à mettre en œuvre. Plusieurs voix réclament une intervention internationale encadrée pour soutenir la Police nationale d’Haïti, en sous-effectif et mal équipée. Une force multinationale menée par le Kenya a été annoncée, mais son déploiement reste flou et controversé.
En parallèle, la reconstruction d’un leadership politique légitime est cruciale. Sans élections crédibles et un gouvernement stable, aucun plan de sécurité ne peut tenir. Enfin, les spécialistes s’accordent sur un point : la réponse ne peut être uniquement militaire. Elle doit s’accompagner d’investissements massifs dans l’éducation, l’emploi et la justice sociale.
Espoirs minés mais persistants.
Malgré tout, la société civile continue de se mobiliser. Des associations, des jeunes, des artistes refusent de baisser les bras. Le peuple haïtien, résilient malgré tout, garde espoir qu’un jour, ses enfants pourront grandir sans avoir à courir pour échapper aux balles.
Haïti est à un tournant. La sortie de crise exige du courage politique, du soutien international, et surtout, une volonté réelle de rendre au pays sa dignité et sa sécurité.
Minarlie Geffrard.
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