Mireille Durocher Bertin : l’assassinat non élucidé.
Qui est Mireille?
Avocate, professeure et militante politique, Mireille Durocher Bertin est née en Haïti le 28 octobre 1959. Elle enseigne le droit maritime à la SEMANAH et le droit des affaires à l’INAGHEI, entre 1984 et 1988. Mère de famille, féministe assumée, elle s’impose rapidement comme une voix forte de l’opposition au régime Lavalas.
Fervente opposante de Jean-Bertrand Aristide, elle plaide en faveur de la présence des troupes américaines, près de 20 000 soldats, déployées en Haïti à l’époque. Ses positions tranchées et ses alliances politiques, notamment avec les militaires putschistes menés par le général Raoul Cédras, en font l'une des figures les plus redoutées du camp Lavalas.
Le 28 mars 1995, à trois jours de la visite officielle du président américain Bill Clinton à Port-au-Prince, Mireille Durocher Bertin est assassinée en plein cœur de Port-au-Prince, alors qu’elle était en compagnie de l’un de ses clients, connu sous le nom de Barjot. Tous deux sont tués dans une attaque ciblée. Elle avait 34 ans.
Qui a commandité l’assassinat ?
Trente ans plus tard, le crime reste non élucidé. Malgré l’implication du FBI dans l’enquête, aucun commanditaire n’a été formellement identifié. Fondatrice du Mouvement pour l’Intégration Nationale, Mireille envisageait de se présenter aux élections du 24 juin 1995, selon Libération.
Jean-Bertrand Aristide, alors récemment revenu au pouvoir, appelle publiquement à une enquête internationale. Mais selon Haïti Inter, une partie essentielle de l’enquête aurait été volontairement bloquée par l’administration en place, désireuse de ne pas compromettre un ministre soupçonné d’implication directe dans l’attentat.
Les frères Moïse, Erick et Patrick, sont arrêtés quelques semaines plus tard, accusés d’avoir participé à l’exécution. Pourtant, malgré ces arrestations, aucune suite judiciaire solide n’est donnée. L’affaire reste marquée par des zones d’ombre, des silences et des non-dits.
Un rapport interne des services de renseignement haïtiens révèle que Mireille Durocher Bertin savait qu’un complot pesait sur elle. Pourtant, aucune mesure de protection ne lui est accordée.
Son assassinat qui s’ajoute à une longue liste de meurtres d'autres avocats et de militants politiques jamais élucidés en Haïti, demeure un symbole de l’impunité persistante qui gangrène encore le pays.
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